Les jeux de construction de deck et les roguelites sont légion sur la scène indépendante, mais rares sont ceux qui osent fusionner ce genre avec l’attrait addictif de la collection de créatures. C’est le pari réussi de Decktamer, un titre qui nous plonge dans les profondeurs de l’Abysse, un cratère mystérieux rempli de mutants bizarres, où notre survie ne dépend pas seulement des cartes que nous piochons, mais de celles que nous domptons.

Dès les premières minutes, Decktamer s’impose comme un descendant spirituel de Slay the Spire pour sa boucle de rejouabilité infinie, mais injecte une dose massive de l’esprit Pokémon ou Monster Sanctuary pour son cœur de collection. La question n’est plus : « Quelle carte vais-je acheter ? » mais « Ce monstre que j’affronte, vais-je le tuer pour sa récompense, ou prendre le risque de le dompter pour l’ajouter définitivement à mon arsenal ? »

La mécanique centrale, le « taming » (domptage), est ce qui donne toute sa saveur et sa cruauté au jeu. Contrairement à la majorité des deck-builders où les cartes sont des ressources abstraites, ici, nos cartes sont des créatures vivantes. Et dans la plus pure tradition roguelite, si une de vos créatures périt au combat, sa carte est perdue à jamais pour le reste de cette run. Cette permadeath appliquée aux cartes elles-mêmes crée une tension constante. Chaque décision est vitale : envoyer un tank rare en première ligne est un calcul de risque permanent.

Le combat est un système au tour par tour, mais qui excelle dans l’anticipation. Chaque carte jouée utilise une action, et la résolution des capacités nécessite une planification minutieuse. L’efficacité des combos est directement liée à l’ordre dans lequel vous activez vos cartes. On ne gagne pas par la simple force brute, mais par l’orchestration précise des mouvements, en essayant de prévoir les réactions de la faune mutante de l’Abysse.

Là où Decktamer passe de bon à excellent, c’est dans son système de Mutation. Au fil de votre descente, vous débloquerez la possibilité de transférer des capacités d’une créature à une autre. Ce système permet de déconstruire et reconstruire l’identité de votre deck. Vous n’êtes plus limité par l’archétype original d’une carte.

Imaginez transférer une capacité de soin d’un petit insecte sur un géant de pierre, ou doter un attaquant rapide d’un trait défensif d’un escargot mutant. Le potentiel de builds brisés et de synergies imprévues est colossal, assurant que même après des dizaines d’heures de jeu, vous trouverez toujours de nouvelles façons d’optimiser et de personnaliser votre collection. C’est la promesse d’une profondeur stratégique rare dans le genre.

Visuellement, Decktamer opte pour un style 2D dessiné à la main qui colle parfaitement à son univers de fantasy sombre et de créatures mutantes. L’atmosphère est lugubre et mystérieuse, les environnements changeant à mesure que l’on s’enfonce dans le cratère. Le bestiaire est varié et imaginatif, chaque monstre ayant un design unique et parfois grotesque qui accentue le sentiment d’exploration d’un écosystème hostile et inconnu.

Decktamer est plus qu’une simple itération des formules existantes ; il crée une alchimie passionnante entre la stratégie exigeante du deck-builder et la gestion émotionnelle d’une collection de créatures soumises à la permadeath. L’innovation du système de Taming et de Mutation élève le jeu au-dessus de la mêlée. C’est un titre qui s’adresse aux joueurs qui aiment souffrir stratégiquement, qui ne craignent pas la perte définitive de leurs meilleures cartes, et qui sont obsédés par la création du combo parfait. Si le défi ne vous effraie pas, Decktamer est un ajout essentiel à la bibliothèque des amateurs de roguelites.

On aime :

  • L’intégration réussie du concept de collection à la formule deck-builder.

  • La cruauté du système de permadeath de carte.

  • Le potentiel stratégique infini du système de Mutation/transfert de pouvoirs.

  • La direction artistique 2D soignée.

On regrette :

  • La courbe de difficulté qui pourrait être abrupte pour les néophytes du roguelite.

  • La dépendance aux bonnes opportunités de taming pour réussir une run.

Note finale : 17/20

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