L’univers Cyberpunk a toujours été synonyme de néons poisseux, de corporations tentaculaires, et bien sûr, de modifications corporelles extrêmes. Mais si la plupart des jeux vous placent du côté du mercenaire surarmé, Ripperdoc Simulator de Kool2Play vous propose de passer de l’autre côté du miroir : celui du chirurgien de l’ombre, le fameux Ripperdoc. Préparez vos gants, car ça va saigner, et pas qu’un peu.

L’élément le plus séduisant de ce concept repose sur sa double mécanique de jeu. La journée, vous gérez une modeste échoppe d’électronique dans un district mal famé. On chine des composants rares, on trafique de la vieille tech, et surtout, on fait semblant de ne pas exister pour éviter les ennuis avec les autorités. C’est l’aspect « Shop Keeper » qui demande de la gestion de ressources et un sens aigu des affaires.

Mais dès que le soleil se couche, l’arrière-boutique se transforme en un bloc opératoire clandestin. C’est là que le jeu bascule dans la simulation médicale gore. On parle ici de procédures illégales pour des clients désespérés ou dangereux : arracher un œil pour y greffer un oeil-caméra, amputer des membres pour les remplacer par du chrome rutilant, ou implanter des puces neurales risquées. Chaque opération est décrite comme « sanglante » et « entièrement interactive ». Il faudra faire preuve de doigté (et probablement d’un estomac solide) pour réussir ces transplantations sans tuer le client ni se faire repérer.

Dans l’ombre de votre clinique, la seule éthique qui compte est celle de la survie, et celle-ci est payée en crédits. Chaque patient représente un dilemme moral immédiat : allez-vous utiliser un composant de contrefaçon pour maximiser votre marge, quitte à risquer un rejet ou une défaillance cybernétique fatale ? Ou investirez-vous dans des pièces coûteuses, réduisant votre profit mais assurant la survie (et le retour) de votre client ? Le serment d’Hippocrate est un mythe pour les Ripperdocs. Ici, on négocie avec la vie des gens : plus le client est désespéré (ou riche), plus la tentation d’exploiter son besoin pour votre propre ascension sera grande. Ce sont ces choix de gestion du risque et de l’avidité qui promettent d’être le véritable cœur noir du jeu.

Le dilemme s’étend au-delà de la table d’opération. En tant que Ripperdoc, vous êtes une pièce maîtresse de l’échiquier criminel. Chaque amélioration que vous effectuez rend un voyou plus dangereux, une espionne plus furtive, ou un déserteur corpo plus difficile à tracer. Aider un gang à se « chromer » signifie intensifier la guerre de territoire, ce qui pourrait attirer les flics corrompus ou les nettoyeurs des Mégacorpos sur votre propre seuil. Jusqu’où êtes-vous prêt à aller pour l’argent ? Allez-vous refuser un travail qui pourrait sauver la vie d’une personne mais mettre en danger votre propre clinique, ou allez-vous servir quiconque passe la porte, peu importe les conséquences pour le district ? Ces interactions client-spécialiste promettent de tisser une toile d’intrigues où la survie dépendra de votre capacité à ne faire confiance à personne.

Visuellement, Ripperdoc Simulator s’annonce comme une plongée viscérale dans un cyberpunk sale et sans fard. Oubliez les lumières immaculées des cliniques corporatistes ; ici, on est dans le glauque néon des bas-fonds. L’ambiance visuelle semble s’appuyer fortement sur l’opposition entre la froideur clinique du chrome et l’aspect brut et organique de la chair mise à nu. Les captures d’écran suggèrent un style stylisé, presque « comic book », avec des couleurs sombres rehaussées par des éclairs de lumière artificielle, créant une atmosphère de body horror assumée. Ce parti pris graphique sert directement le gameplay, soulignant l’aspect manuel et sanglant de chaque procédure illégale. C’est laid, c’est sale, et c’est exactement ce qu’on attend d’un chirurgien du marché noir.

Personnellement, ce qui m’emballe le plus dans Ripperdoc Simulator, c’est cette immersion totale dans la face B du Cyberpunk. Après avoir joué des heures en tant que mercenaire, incarner celui qui fournit les outils pour le chaos – et gérer le stress de chaque greffe illégale – est une perspective vraiment rafraîchissante. J’espère sincèrement que le jeu réussira à capturer cette atmosphère de tension constante, où le bruit du scalpel est couvert par celui des néons défectueux et où chaque nouveau chrome posé est un pas de plus vers l’abîme financier ou légal. L’idée de devoir jongler entre la nécessité de l’argent facile et le risque que cela représente pour ma propre sécurité est, pour moi, la promesse d’une simulation sous haute adrénaline. Si le côté gestion est aussi bien ficelé que la chirurgie, on tient là une petite pépite sombre.

Si vous êtes à la recherche d’une simulation qui ose explorer les recoins les plus sombres du transhumanisme, loin des paillettes de Night City, gardez ce titre à l’œil. Il pourrait bien être la dose de cyber-gore dont on avait besoin.

Gameplay & Concept : ⭐⭐⭐⭐⭐ (5/5)

Graphismes & Ambiance : ⭐⭐⭐⭐ (4/5)

Note Globale (Potentiel Hype) : 17/20

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Jeux Vidéo|Test

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