Quand j’ai ouvert Last Omegaverse, je ne m’attendais pas à être pris aussi vite par l’ambiance. Le manga nous projette dans un monde où les Alphas et les Omégas ont disparu depuis un siècle, et où il ne reste que des Bêtas qui vivent sans trop se poser de questions. Au milieu de ce décor presque lisse, Ayase surgit comme une anomalie, un Oméga né bien trop tard. Tout de suite, j’ai senti le poids de sa différence, ce mélange de honte et de survie qui l’oblige à faire des choix durs, comme tourner dans des films pornos pour se payer les médicaments qui cachent son identité. C’est brutal, c’est cru, et en même temps ça rend le personnage profondément humain.

La lecture m’a frappé par sa manière de jouer sur la tension. On sent que chaque geste, chaque parole d’Ayase peut le trahir, et que derrière son visage calme se cache une peur constante. C’est ce qui donne au récit son côté dystopique, presque suffocant. Pourtant, à travers cette noirceur, l’auteur laisse filtrer une lueur : la rencontre avec Inukai. J’ai aimé la façon dont ce personnage ne débarque pas comme un simple intérêt romantique, mais comme un déclencheur, une présence qui réveille en Ayase des sensations qu’il n’avait jamais vraiment comprises ni assumées.

Ce qui m’a marqué, c’est que le manga n’essaie pas d’enjoliver les choses. Il montre la difficulté de vivre avec une identité qui ne correspond pas aux normes, et les compromis parfois humiliants qu’on doit faire pour survivre. C’est violent, mais pas gratuit. L’auteur joue avec l’équilibre entre désir et désespoir, comme si l’amour était à la fois une échappatoire et une condamnation. En un seul volume, on passe de l’étouffement à la passion, et j’ai trouvé ça assez puissant.

Bien sûr, il faut être clair : ce n’est pas un manga pour tout le monde. Le côté yaoi est très assumé, avec des scènes explicites et un traitement mature qui peut mettre mal à l’aise si on n’est pas habitué. Mais si on accepte cette frontalité, on découvre une histoire qui a plus de choses à dire qu’il n’y paraît. Elle parle de solitude, de la difficulté d’exister quand on ne rentre pas dans les cases, mais aussi de la force qu’il faut pour continuer à chercher l’amour malgré la peur.

En refermant le volume, je n’avais pas l’impression d’avoir lu une simple romance. Last Omegaverse m’a semblé être une réflexion sur la mémoire des genres, sur ce qui disparaît et sur ce qui survit malgré tout. Ayase est comme un vestige vivant, un rappel que certaines identités ne s’éteignent pas, même si la société préfère les oublier. Ça donne au récit une dimension presque tragique, mais belle dans sa mélancolie.

C’est un manga court, mais qui reste longtemps en tête. J’ai senti que chaque page était chargée, comme si l’auteur avait voulu condenser tout ce qu’il avait à dire dans ce petit espace. Ça donne un goût d’inachevé, mais pas dans le mauvais sens : plutôt l’impression qu’on a entrevu une vie entière, intense et fragile, concentrée en une poignée de chapitres.

Je dirais que Last Omegaverse est une lecture qui serre le cœur tout en l’ouvrant. C’est un récit sombre, mature et sans concessions, mais qui réussit à glisser une émotion sincère au milieu de la dureté. J’ai aimé cette balance fragile entre l’ombre et la lumière, et c’est ce qui me donne envie de le conseiller à ceux qui cherchent un yaoi différent, avec un vrai fond et pas seulement du fanservice.

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