Ruffy and the Riverside, c’est un peu comme si un cousin de Zelda avait décidé de prendre des vacances dans un monde en pâte à modeler, où tout le monde est soit ultra mignon, soit complètement perché, et où les grenouilles parlent mieux que toi après deux cafés le matin. On y incarne Ruffy, un chien anthropomorphe aussi intrépide qu’attachant, lancé dans une aventure qui sent bon la découverte, les pouvoirs étranges et les gens bizarres qu’on a envie d’adopter… ou de fuir très, très vite selon l’humeur.
Le monde est vraiment beau. Genre, il a été mâchouillé par un enfant de maternelle puis remis en ordre par un artiste indie sous acide doux. Chaque recoin déborde de détails craquants, de personnages aux dialogues à la fois absurdes et attendrissants, et de musiques qui font du bien à l’âme. C’est coloré, c’est vivant, c’est un petit bonbon visuel et sonore qu’on suce avec le sourire en coin et les yeux qui brillent.
Le gameplay repose sur une mécanique de morphing — oui, Ruffy a le pouvoir de copier la forme des objets et créatures rencontrés. Ce qui donne lieu à des moments délicieusement WTF, où tu passes d’un rocher à un poisson-ballon en une seconde. Et là, tu commences à te demander si t’es pas toi-même en train de muter en marshmallow émotionnel, parce que cette souplesse ludique est franchement réjouissante. Elle apporte une vraie richesse dans la façon d’aborder les énigmes et l’exploration.
L’exploration, justement, c’est la star du show. Tu te balades dans des environnements semi-ouverts avec une liberté qui sent bon la crème solaire et les après-midis sans agenda. Tu farfouilles, tu testes des transformations, tu parles à des PNJ qui semblent tous avoir échappé à un casting de série animée absurde. Et surtout, tu prends ton temps. Parce que le jeu ne te crie jamais dessus pour que tu ailles sauver le monde plus vite. Il te propose juste d’être curieux, et d’aimer ce que tu découvres. Ce qui est quand même plus sympa que ton manager.
Côté énigmes, on navigue entre le malin et le farfelu, souvent basées sur l’observation et l’utilisation judicieuse de tes formes acquises. On est rarement bloqué longtemps, mais on est souvent surpris. Ce qui est plutôt une bonne balance entre satisfaction intellectuelle et gros smile de « ah mais c’est trop bien pensé en fait ». Le tout sans jamais devenir punitif ou élitiste — un exploit dans un monde où même les sudoku veulent ta peau.
Les combats, eux, sont presque anecdotiques. Pas dans le sens négatif, mais dans le sens : « c’est pas là que le jeu veut briller ». Et honnêtement, il a raison. Car quand t’as un gameplay basé sur la créativité et la surprise permanente, balancer des baffes à des blobs en carton n’a pas vraiment besoin d’être complexe. C’est plus un prétexte à l’expérimentation qu’un vrai test de réflexes. Ce qui tombe bien, parce que mes réflexes à moi ont été rangés avec mes factures de 2019.
Narrativement, le jeu avance à son rythme de vieux vélo tranquille qui cliquette joyeusement. L’histoire principale n’est pas là pour te retourner le cerveau, mais pour t’emmener doucement vers une réflexion sur l’identité, le changement, l’acceptation… et d’autres sujets sensibles emballés dans du chamallow rose fluo. C’est léger, mais pas vide. Drôle sans être idiot. Touchant sans sortir le violon. Et c’est un équilibre qu’on aimerait voir plus souvent.
Ruffy and the Riverside, c’est un petit bijou qui n’essaie pas de t’en mettre plein la vue, mais qui te charme à la longue, comme un bon vieux pote qu’on ne voulait pas forcément voir, mais qui repart avec ton cœur… et une part de ton frigo. Un jeu plein de tendresse, d’idées et de joie sincère. Et dans un monde vidéoludique parfois trop pressé d’en mettre plein les yeux au détriment du cœur, ça fait franchement du bien de prendre une grande respiration colorée avec un chien mutant et ses copains grenouilles.
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