Plonge dans Still Wakes the Deep, et oublie la terre ferme, car ici tout tangue, tout craque, tout suinte une peur froide qui ne dit pas son nom. Tu es sur une plateforme pétrolière en 1975, isolée au large de l’Écosse, et déjà le décor sent le mazout, le rouillé, l’homme qui ne devrait pas être là. Dès que le jeu commence, tu sens que quelque chose cloche, ce n’est pas juste le vent qui hurle, ni la mer qui frappe, non, c’est plus profond, plus ancien, presque vivant.
Tu incarnes Caz, un type simple, pas un héros, pas un soldat, juste un ouvrier avec un accent à couper au couteau et un lourd passif, viré de chez lui, coincé là pour bosser, pour survivre, et bien sûr il fallait que tout parte en vrille, sinon ce ne serait pas drôle, une silhouette, un hurlement, une coupure de courant, et voilà que la Beira D commence à ressembler à une souricière pour humains, rouillée, trempée, possédée.
Ce que Still Wakes the Deep fait très bien, c’est t’enfoncer dans une tension poisseuse. Pas besoin de flingues, ici tu cours, tu rampes, tu cries, tu souffles fort, tu jettes un œil dans l’obscurité sans savoir si ce que tu entends est réel ou si c’est juste ton cœur qui tape trop fort, tout est sensoriel, viscéral. Chaque porte qui grince est une promesse de malheur, chaque lumière vacillante un avertissement.
Et visuellement c’est une claque, l’eau ruisselle sur les murs, les tuyaux vibrent comme s’ils respiraient. L’organique et le mécanique se mêlent dans un ballet angoissant, c’est beau à pleurer, mais t’as pas le temps de pleurer, t’as pas le temps de rien, tu dois fuir, descendre, grimper, survivre, pendant que la plateforme se transforme en cauchemar lovecraftien trempé dans du cambouis.
Côté narration c’est tout en finesse, dialogues crédibles, voix d’acteurs qui claquent, interactions humaines touchantes, pas de grands discours, juste des hommes à bout, qui veulent rentrer chez eux, mais qui comprennent petit à petit qu’il n’y a peut-être plus de chez eux, qu’il n’y a peut-être plus de retour du tout.
Et si tu pensais que tu allais comprendre ce qui se passe, oublie, ce n’est pas un jeu qui t’explique, c’est un jeu qui te fait ressentir, qui te prend la main puis la lâche au bord du vide, à toi de remplir les blancs, de faire avec l’indicible, de survivre à ce que tu ne peux même pas nommer.
Si tu veux un conseil, allume ton casque, éteins les lumières, dis adieu à ton rythme cardiaque stable et plonge dans cette descente abyssale, parce que quand Still Wakes the Deep te chuchote à l’oreille, crois-moi, tu vas l’écouter !
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