Suikoden I & II HD Remaster: Gate Rune and Dunan Unification Wars est le titre un peu encombrant que Konami a choisi pour la version remasterisée de deux des meilleurs JRPG de la PlayStation 1. Modernisés et optimisés pour la PS5 et la PS4, ces classiques bénéficient d’améliorations rendant leur expérience plus fluide et accessible aux joueurs d’aujourd’hui.

Suikoden et Suikoden II plongent les joueurs dans des récits de guerre, de devoir, de sacrifice et de révolution, inspirés de la littérature chinoise. Chaque jeu propose une vaste galerie de personnages à recruter et à collectionner, connus sous le nom des « 108 étoiles du destin », ajoutant une dimension stratégique et particulièrement gratifiante à l’aventure.

Si Suikoden, sorti en 1995, peut sembler plus archaïque et exige un peu de patience, il pose néanmoins les bases de son successeur et permet de retrouver de nombreux visages familiers. De son côté, Suikoden II s’impose comme l’un des meilleurs JRPG de l’ère PS1, impressionnant par sa richesse narrative, son ampleur et sa réalisation magistrale. À lui seul, il justifie l’achat de cette collection, qui constitue une recommandation incontournable pour tout amateur de RPG japonais.

Cette édition remasterisée propose une refonte visuelle et ergonomique avec des portraits en haute définition, une interface repensée et des arrière-plans sublimés. Elle améliore également certains aspects les plus rudimentaires des jeux d’origine tout en intégrant des ajouts bienvenus en matière de confort de jeu, comme l’avance rapide et la possibilité de se déplacer en diagonale. Un musée numérique, accessible depuis le lanceur, permet de collectionner illustrations, musiques et cinématiques des deux titres au fil de la progression. Une attention qui témoigne de la fierté de Konami pour l’héritage de la série.

Sorti dans un contexte où les RPG ambitieux étaient encore rares, le premier Suikoden suit un protagoniste que le joueur peut nommer, fils d’un général impérial respecté. Alors qu’il sert l’Empire de la Lune Écarlate, il prend peu à peu conscience des injustices qui frappent le peuple : corruption des élites, impôts écrasants, famine et insécurité grandissante. Ce parcours initiatique le pousse à remettre en question l’héritage familial et la cause qu’il défend. Une série d’événements clés finit par dévoiler l’ampleur du mal qui gangrène le pouvoir en place, le propulsant à la tête d’une rébellion destinée à unifier les factions dissidentes et renverser le régime oppressif.

En dehors des séquences scénarisées, les joueurs passeront une grande partie de leur temps à explorer le vaste monde du jeu, à interagir avec les PNJ, à recruter de nouveaux alliés et à participer à des combats au tour par tour particulièrement satisfaisants. Chaque affrontement permet d’aligner jusqu’à six personnages, la stratégie reposant en partie sur leur placement au sein de la formation. Les combattants au corps-à-corps occupent la ligne de front et ne peuvent attaquer que les ennemis proches, tandis que les unités à distance frappent depuis l’arrière, ciblant librement n’importe quel adversaire. Une classe intermédiaire existe, capable d’attaquer tous les rangs quel que soit son positionnement, mais au prix d’une efficacité moindre par rapport aux spécialistes. À certains moments-clés de l’histoire, le jeu introduit également des batailles d’envergure entre armées, bien que ces affrontements restent relativement simples et largement scénarisés.

Le système de combat propose une option d’automatisation, permettant à l’équipe d’enchaîner les attaques standard, une fonctionnalité idéale pour accélérer les rencontres mineures et accumuler de l’expérience ou des potch, la monnaie du jeu. L’ajout d’une fonction d’avance rapide renforce encore ce confort. Le gameplay gagne en profondeur grâce aux attaques Unite, qui combinent les forces de personnages spécifiques, ainsi qu’au système de runes, permettant d’accéder à divers sorts et capacités magiques. De plus, des orbes aux effets variés – offrant tantôt des bonus, tantôt des malus – peuvent être attachés aux armes. Chaque membre de l’équipe jouable parmi les 80+ recrues potentielles possède une arme unique, améliorable chez un forgeron afin d’en augmenter la puissance et, parfois, d’en modifier l’apparence. Quant aux compagnons qui ne participent pas directement aux combats, ils assurent divers rôles de soutien, renforçant encore la richesse tactique du jeu.

Le système de combat est excellent et remarquablement avancé pour son époque, surtout si l’on considère que Suikoden est contemporain de Final Fantasy VI. Il offre une profondeur bien supérieure, mais souffre d’un inconvénient majeur : la gestion laborieuse de l’équipement. Maintenir son équipe à jour avec les meilleures armures et armes disponibles peut vite devenir fastidieux, d’autant qu’il est impossible de vendre ses anciens objets directement depuis l’écran d’achat, ce qui alourdit inutilement le processus.

C’est d’autant plus regrettable que Suikoden II corrige en grande partie ce problème. Konami aurait pu harmoniser davantage l’expérience entre les deux jeux pour fluidifier cette mécanique. En l’état, cette contrainte peut décourager l’expérimentation, incitant les joueurs à se cantonner à un groupe restreint plutôt que de tester les nombreux personnages disponibles – ce qui va à l’encontre du principe même du jeu, qui encourage le recrutement et la rotation des alliés.

Heureusement, au fil de l’aventure, vous aurez accès à un château qui servira de quartier général et se remplira progressivement des compagnons que vous avez recrutés. Si tous ne sont pas des combattants, beaucoup apporteront des services utiles en tant que marchands, forgerons ou autres rôles clés. Ces personnages offrent non seulement plus de personnalité que les PNJ classiques, mais proposent également des équipements et des améliorations bien plus intéressants.

Tout ce qui précède s’applique également à Suikoden II, mais dans une version bien plus aboutie. Le système de combat gagne en profondeur avec des formations ennemies plus stratégiques, davantage de combinaisons d’attaques Unite, des runes plus variées et un plus large éventail d’orbes aux effets diversifiés. L’aspect gestion du château et les batailles d’armées sont également mieux développés et offrent une expérience plus immersive.

L’histoire, plus ambitieuse et nuancée, se déroule plusieurs années après le premier opus. Si de nombreux personnages familiers font leur retour, il n’est pas nécessaire d’avoir joué au premier Suikoden pour apprécier pleinement cette suite. Le récit suit trois jeunes disciples du dojo de Maître Genkaku, pris dans les intrigues politiques du nouvel Empire des Highlands. Au fil des événements, ils se retrouvent à la tête d’une coalition d’États indépendants luttant contre l’oppression, donnant naissance à une nouvelle nation au cours des Guerres d’unification de Dunan. Plus sombre et mature, l’intrigue aborde des thèmes poignants tels que les atrocités de la guerre, ses conséquences dévastatrices et le destin des orphelins laissés dans son sillage, rendant cette aventure particulièrement captivante.

Suikoden I & II HD Remaster: Gate Rune and Dunan Unification Wars rassemble deux des plus grands JRPG de l’âge d’or du genre sur PlayStation 1, soigneusement remasterisés et optimisés pour la PS5 et la PS4. Cette collection permet de redécouvrir ces classiques sous un jour nouveau, avec des graphismes améliorés, des ajustements de gameplay et des ajouts bienvenus qui rendent l’expérience plus fluide et accessible aux joueurs modernes.

Toutefois, ces jeux conservent certains des défauts typiques de leur époque : une maniabilité parfois rigide, un niveau de difficulté exigeant et quelques mécaniques peu intuitives qui peuvent dérouter les nouveaux venus. Malgré cela, leur richesse narrative, leurs personnages inoubliables et leur gameplay stratégique leur confèrent un charme intemporel.

Pour les amateurs de RPG classiques, cette compilation représente une occasion en or de découvrir ou de redécouvrir deux œuvres marquantes, souvent restées dans l’ombre des titres plus médiatisés. Même ceux qui n’ont jamais prêté attention à la série y trouveront une aventure épique et immersive, qui mérite amplement sa place dans la collection de tout passionné du genre.