Si ce jeu, un mélange de tower defense et de tir à deux joysticks, avait vu le jour dans les années 80, il aurait probablement été une exclusivité sur les premiers Macintosh d’Apple. Sa palette bicolore en beige et noir, associée à l’interface utilisateur nette et formelle, évoque le style des visuels monochromes des premiers ordinateurs Apple, bien que l’ajout de touches de vert et de rouge y apporte un peu de couleur. Ce jeu aurait même été considéré comme techniquement avancé pour l’époque… du moins si l’on met de côté l’absence de joysticks analogiques, qui rendait impossible son existence.

Road Defense: Outsiders propose sept champs de bataille de difficulté croissante, chacun avec une taille et une complexité variables, vus sous une perspective isométrique. Votre mission consiste à défendre des unités blindées avançant le long d’un parcours, en installant des tourelles fixes et en affrontant directement des vagues d’ennemis avec un pistolet, un drone mécanique et une hache aux capacités de guidage presque surnaturelles. Une ambiance de science-fiction imprègne l’ensemble.

Vos ennemis semblent être des zombies – en réalité, ils sont plutôt stylisés comme des bonshommes allumette – mais ce sont en fait des bandits armés de pistolets, d’armes de mêlée et, plus tard, de lance-missiles. Si trop de véhicules sont détruits, le « compteur de panique » se remplit, signant la fin de votre partie.

Au départ, vous êtes à la fois peu puissant et assez vulnérable. Ne vous attendez pas à réussir la première étape sans subir quelques échecs. La clé réside dans l’achat d’améliorations permanentes, chaque ennemi éliminé rapportant un point d’XP. Une longue liste d’améliorations est disponible : vous pouvez renforcer votre arme, réduire le temps de recharge de la hache, et augmenter progressivement votre santé, votre vitesse et votre armure. Plus important encore, les camions blindés que vous protégez peuvent être renforcés. Négliger cet aspect rendra votre mission bien plus difficile.

Des bonus temporaires apparaissent aussi pendant le jeu, obtenus sous forme de jetons ramassables. Pas besoin de les récolter en tuant des ennemis, ils sont automatiquement collectés à la fin de chaque vague. En revanche, il n’existe pas de bonus uniques ou aléatoires, donc pas de possibilité de créer des builds excentriques : vous pourrez simplement améliorer la régénération de santé, l’efficacité des armes, la vitesse, etc. Un peu d’argent supplémentaire peut être utile, car la monnaie est nécessaire pour équiper les tours de diverses armes, allant de l’AK-47 au pistolet laser, avec des améliorations coûteuses et pas toujours impactantes. Les armes de tour ont des portées différentes, mais l’aspect stratégique reste limité : la majorité des sept cartes n’offrent qu’un nombre restreint d’emplacements pour les tours, limitant toute expérimentation. Une carte, par exemple, ne permet l’installation que d’une seule tour. Une fois votre argent de départ suffisamment augmenté, autant déployer directement l’artillerie lourde et oublier l’usage des tours.

Cela vous permet au moins de vous concentrer sur le tir à deux joysticks, mais c’est là que les choses deviennent un peu chaotiques. Bien que les commandes soient réactives et que la visée reste précise, les vagues d’ennemis peuvent sembler déséquilibrées. En quelques secondes seulement, l’écran peut se retrouver saturé de bandits armés de fusils, inondant la zone de tirs. Sans amélioration de régénération de santé, la mort survient rapidement. Le succès dépend donc en grande partie de votre capacité à regagner de la vie et à renforcer suffisamment le blindage du véhicule pour survivre au parcours.

J’ai passé environ cinq heures sur Road Defense: Outsiders avant d’écrire cette critique. Après quelques heures, le cycle de « réessayer, acheter des améliorations, et recommencer » a fini par paraître interminable. Les dernières étapes sont extrêmement difficiles et demandent de nombreuses améliorations permanentes pour progresser. À la décharge du jeu, tous les niveaux sont disponibles dès le début, et les jetons pour débloquer les améliorations sont assez généreusement distribués. Cependant, le besoin de multiples investissements rend la progression assez lente. Il faudra du temps pour boucler les sept étapes et maximiser chaque statistique, mais si le jeu vous accroche, son prix assez bas en fait un bon rapport qualité-prix. Dommage cependant que l’expérience ne soit pas plus fluide : c’est moins une course contre la montre qu’une épreuve de patience et d’endurance.