En jouant à Evotinction, on ressent vraiment qu’à un certain moment, le jeu a pu être pensé comme un survival-horror. Peut-être était-ce l’intention initiale, mais des contraintes budgétaires ont imposé des choix entre la création de décors somptueux et l’animation de créatures extraterrestres mutantes, et ce sont les environnements qui l’ont emporté. L’atmosphère du premier jeu de Spikewave s’inspire indéniablement de titres comme Alien: Isolation et Dead Space, mais la présence d’une IA ennemie et de son armée de drones atténue considérablement le potentiel horrifique des situations.

Vous incarnez le Dr Thomas Liu, un scientifique dans un gigantesque centre de recherche de pointe où les plus grands esprits de l’humanité se sont rassemblés pour façonner l’avenir. Malheureusement, l’IA contrôlant le centre a déraillé, éliminant plusieurs des collègues de Liu et déployant ses drones, les Genies, pour assurer la sécurité.

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L’un des rares survivants encore libres, Liu se donne pour mission de comprendre ce qui s’est passé et d’espérer que tout finira bien. Pourtant, dès le début, un léger déséquilibre se fait sentir dans Evotinction. Malgré un titre un peu absurde, il semble que le développeur ait consacré trop de temps à rendre les environnements visuellement magnifiques (note : ne mangez pas les décors) et pas assez à créer une véritable tension.

Il s’agit d’un jeu d’infiltration à l’ancienne sur bien des points. Liu n’a aucune compétence ou formation au combat. Il n’est pas un Gordon Freeman passant du pied-de-biche à la mitrailleuse en quelques heures. Il dispose d’une arme, que l’on peut améliorer avec différentes fonctions de piratage, mais celle-ci ne sert qu’à neutraliser les drones, et cela doit être fait discrètement. Si les ennemis vous repèrent, cela mène souvent à un game over.

Au lieu de combattre directement, Liu doit éliminer ou contourner les drones en patrouille, les « Genies », pour atteindre ses objectifs, qui consistent généralement à traverser une pièce ou à pirater un système. L’aspect piratage ne repose pas sur des mini-jeux trop simplifiés ou exagérés, mais devient de plus en plus difficile, avec chaque piratage chronométré. Si vous prenez plus de cinq secondes, une alerte de sécurité se déclenchera, attirant tous les drones de la zone vers vous.

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Il est souvent plus simple de neutraliser les drones en premier, soit en se faufilant derrière eux pour les pirater, soit en les éliminant de manière plus brutale. Les déplacements sont plutôt fluides, mais l’expérience est parfois gênée par des obstacles arbitraires. Par moments, Liu peut sauter par-dessus un objet à hauteur de taille, mais à d’autres, il en est incapable. Lorsque le jeu place un objet à collecter derrière un de ces obstacles qu’il ne peut franchir, cela paraît artificiel et maladroit.

Une grande partie de l’histoire est racontée à travers des dialogues explicatifs entre Liu et Oz, un drone IA sympathique qui le guide dans l’installation. De gros efforts ont été déployés pour rendre les lieux visuellement attrayants, et le doublage est également de grande qualité. Le comédien qui prête sa voix à Liu excelle, parvenant à capturer l’essence d’un homme à la fois effrayé mais déterminé à ne laisser personne derrière lui.

Cependant, l’impact de l’histoire est affaibli par deux éléments majeurs. D’abord, Liu est le seul personnage que vous voyez réellement. Vous entendrez des enregistrements audio d’autres personnages, mais ils n’apparaissent jamais physiquement. Ensuite, l’intrigue est un peu confuse au début et n’explique pas bien ce qui s’est passé. On apprend que l’IA malveillante a libéré un virus appelé RED dans l’installation, mais il faut un certain temps avant de comprendre réellement ce que ce virus fait. Les raisons et les circonstances de cette catastrophe ne sont pleinement révélées que vers la fin de la campagne, qui dure six à sept heures.

Malgré ses défauts, Evotinction reste plaisant à jouer. La gestion de la furtivité est bien maîtrisée, l’IA ennemie est correcte, voire très réactive, et les drones Genies sont suffisamment menaçants, même s’ils ne parviennent jamais à être véritablement intimidants. Liu est un personnage intéressant, et l’univers du jeu est intrigant, bien qu’il aurait pu être plus développé. Il n’est pas toujours nécessaire d’avoir des monstres ou des mutants, mais Evotinction aurait certainement gagné en impact avec un peu plus de tension et d’éléments horrifiques.

En dépit de son titre un peu risible et d’une prémisse déjà vue, Evotinction constitue un bon premier jeu pour Spikewave. Le système de piratage fonctionne bien, les interactions entre Liu et OZ sont toujours divertissantes, et le jeu est visuellement très réussi. Cela suffit pour mettre Spikewave sur mon radar, et c’était un agréable retour à un genre d’infiltration que l’on voit rarement de nos jours.

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