Au début des années 90, le studio d’animation Gainax, connu pour Neon Genesis Evangelion, a tenté sa chance dans le domaine des jeux vidéo avec Princess Maker 2. Ce jeu de simulation de vie, où l’on élève une jeune fille jusqu’à sa maturité, était à la fois unique et de niche lors de sa sortie. Malgré cela, il a su attirer un public international. Des décennies avant sa première sortie mondiale officielle en 2016 avec le remaster Princess Maker 2 Refine, ce jeu était déjà considéré comme un classique culte.

Passons directement à l’essentiel. Princess Maker 2 est un nom prestigieux dans la communauté des jeux de simulation, ce qui rend la réédition modernisée par Bliss Brain pour célébrer le 30e anniversaire de l’original particulièrement excitante. Princess Maker 2 Regeneration arrive pour la première fois sur l’écosystème Nintendo, offrant une belle opportunité de découvrir ce classique, bien que le portage soit assez basique.

Princess Maker 2 Regeneration est un mélange entre pseudo-remaster et pseudo-portage de la version précédente ‘Refine’ pour PC. Il intègre tous les ajouts de Refine, tels que les graphismes remaniés et le doublage japonais, tout en apportant quelques nouveautés comme une ouverture animée, des illustrations de fond pour les séquences d’événements, une galerie d’art et une localisation en plusieurs langues. Malgré ces ajouts, cette version reste très fidèle à l’original, avec ses qualités et ses défauts.

Tout comme dans le jeu original, Princess Maker 2 Regeneration vous met dans la peau d’un chevalier héroïque qui, après avoir sauvé son royaume, se voit confier la tâche d’élever une fille descendue du ciel. Pendant plusieurs années, vous devrez gérer divers aspects de la vie de votre enfant pour la faire devenir une jeune femme accomplie. Selon les choix que vous faites, votre fille pourra suivre différentes voies de vie et rencontrer divers personnages, lieux et événements fantastiques.

Après avoir passé plusieurs heures à décider du nom de votre fille, de sa date de naissance et de son groupe sanguin (oui, cela a son importance, on vous le jure), le jeu commence. Vous aurez alors accès à une variété d’options pour planifier et gérer la vie quotidienne de votre enfant : lui assigner différents emplois, lui offrir des cadeaux ou de l’argent de poche, ou même ajuster son régime alimentaire. À mesure qu’elle grandit, davantage d’options s’ouvriront, permettant des stratégies encore plus complexes.

En dehors de quelques mécaniques de RPG léger, l’interactivité se résume principalement à observer votre fille exécuter le programme que vous lui avez fixé pour chaque mois, sous forme de vignettes amusantes en sprite. Toutefois, déterminer la meilleure voie pour lui assurer une vie heureuse et épanouissante demande un minimum de planification et de réflexion.

Chaque action que vous entreprenez a un impact tangible sur une longue liste de statistiques. Certaines ressemblent à des mécaniques de RPG traditionnelles, comme l’attaque et la défense, tandis que d’autres, comme l’art, le charme et la bienséance, sont des représentations numériques de la personnalité, des intérêts et des talents de votre fille. Participer à diverses activités augmentera certaines statistiques tout en en diminuant d’autres, ce qui rend la recherche du bon équilibre pour prioriser son mode de vie étonnamment difficile. Selon les statistiques spécifiques de votre fille à la fin du jeu, ainsi que plusieurs autres facteurs, vous pouvez accéder à plus de 70 fins différentes, chacune présentant un avenir unique qui reflète son éducation. Avec une durée de jeu d’environ cinq heures, cette variété incite fortement à rejouer et à expérimenter différentes approches.

Nous sommes impressionnés par la manière dont Princess Maker 2 Regeneration mélange une personnalisation profonde avec un cadre pittoresque. Cependant, certains éléments auraient pu bénéficier d’une mise à jour par rapport à l’original. Malgré la liberté de choix encouragée par le jeu, il est souvent difficile de mettre en place la majorité des stratégies. Entre la lutte constante pour maintenir des finances suffisantes, le coût élevé des articles et des leçons, et la tendance de votre fille à échouer dans certains emplois sans explication sur la façon de s’améliorer, on peut parfois avoir l’impression d’être contraint vers certains résultats. Faire des choix difficiles face à l’adversité est une qualité souhaitable dans les jeux de simulation, mais nous aurions apprécié un peu plus de flexibilité pour expérimenter différentes approches.

En plus de la difficulté surprenante du jeu, il n’explique que très peu de ses diverses mécaniques, se contentant de vagues descriptions de menus. Ainsi, nos premières parties ont souvent ressemblé à des tâtonnements infructueux, avec de nombreuses erreurs coûteuses alors que nous essayions de comprendre comment tout cela fonctionnait. Cette courbe d’apprentissage frustrante est attendue dans un titre PC-98 de 1993, mais un peu plus de guidage aurait été apprécié, surtout compte tenu de la rigueur de l’expérience de base. Peut-être que l’adage selon lequel l’éducation parentale ne vient pas avec un manuel est vrai, mais ce jeu pourrait certainement en bénéficier.

Il n’est donc pas surprenant que la présentation de Princess Maker 2 Regeneration reste très proche de ses prédécesseurs. En dehors des améliorations graphiques mentionnées dans certaines scènes, les seuls changements notables sont une nouvelle barre latérale astucieuse qui permet de visualiser rapidement les statistiques à tout moment du jeu et une nouvelle police de caractères, malheureusement moins esthétique que les versions précédentes. Bien que nous comprenions qu’il s’agisse d’un simple portage d’un titre classique, nous aurions aimé que ce retour triomphal de Princess Maker 2 soit accompagné de quelques fonctionnalités supplémentaires pour attirer les nouveaux joueurs, surtout compte tenu du prix élevé par rapport à sa version précédente.

Avec seulement quelques raffinements, Princess Maker 2 Regeneration se distingue principalement par le fait qu’il rend le jeu de simulation de vie classique de Gainax accessible à un public plus large que jamais. Bien que ses graphismes rétro soient charmants et que sa philosophie de conception, où il n’y a pas de mauvaise manière de jouer, reste gratifiante après toutes ces années, il est indéniable que ce titre commence à montrer des signes de vieillesse. Cela dit, ceux qui s’intéressent à l’histoire du jeu ou au genre des simulateurs trouveront encore beaucoup de plaisir à aider leur fille virtuelle à grandir et à affronter le monde. C’est une expérience qui ne plaira peut-être pas à tout le monde, mais c’était déjà le cas de l’original, n’est-ce pas ?